Depuis le 26 mars, une grande coalition citoyenne pour la protection de l’océan réunit près de 100 associations, des dizaines de personnalités publiques et plus de 20000 françaises et français. Cette coalition, soutenue en Bretagne par des personnalités comme l’exploratrice d’Under The Pole Emmanuelle Périé-Bardout, le navigateur François Gabart, ou encore l’actrice Lucie Lucas, réclame notamment la mise en place d’aires marines véritablement protégées.
Jusqu’à présent, le gouvernement français a tenté d’instituer une protection “à la française”, une appellation trompeuse puisqu’en réalité même les pratiques de pêche les plus destructrices pour l’environnement tel que le chalutage de fond sont autorisées, au sein des aires marines désignées comme “protégées”.
Pire, ces espaces sont particulièrement fréquentés par des méga-chalutiers de plus de 80m. En 2023, ceux que l’on surnomme les « monstres des mers », pouvant mesurer jusqu’à 145m de long et pêcher 400 tonnes de poissons par jour, ont tous sévi au moins une fois dans une aire marine prétendument “protégée”. Le Joseph Roty II, méga-chalutier de 90m de long bien connu à Saint-Malo, a ainsi passé 906 heures à pêcher dans des AMP, soit un quart de son effort de pêche.
D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les activités de pêche à fort impact sur les habitats et les écosystèmes marins ne sont pas compatibles avec la conservation de la biodiversité. Selon cette organisation de référence, la pêche effectuée à bord de navires motorisés de plus de 12 mètres de long, ainsi que tout navire ayant recours au chalut de fond, ou à tout autre « dispositif de chalut traîné ou remorqué le long des fonds marins ou de la colonne d’eau » doit être interdite dans l’ensemble des aires marines dites “protégées”.
Alors qu’Emmanuel Macron a déclaré 2024 “année de la mer” et que la France accueillera, en juin 2025, la troisième conférence de l’ONU sur l’Océan, le gouvernement s’honorerait à mettre enfin en œuvre les recommandations internationales et européennes sur la protection des écosystèmes marins. C’est-à-dire protéger réellement 30% de ses eaux en y interdisant la pêche par des navires de plus de 12 mètres ainsi que tout navire ayant recours aux arts traînants, et en plaçant au moins un tiers de ses eaux protégées sous le régime de la “protection stricte”, exempte de toute activité économique.
Le Conseil régional de Bretagne, réuni en session plénière les 18 et 19 avril 2024, doit demander à l’Etat de protéger réellement 30% des eaux françaises en y excluant les arts traînants, et de placer 10% de nos eaux sous statut de “protection stricte”.