Après avoir nié au Sénat tout transfert de quotas entre le Joseph Roty II et l’Annelies Ilena, le ministre de la mer Fabrice Loher a reconnu hier que la France avait bien procédé en septembre à un échange de quotas de merlan bleu avec la Pologne, qui aboutira au même résultat : le plus grand chalutier pélagique va pêcher du quota français grâce au soutien de la France.
Fabrice Loher autorise le méga chalutier Annelies Ilena à piller la ressource halieutique
Communiqué de presse
La compagnie des pêches de Saint-Malo a eu gain de cause et pourra exploiter l’Annelies Ilena, un méga-chalutier immatriculé en Pologne, long de 145m. Ce bâteau surnommé “le navire de l’enfer” par les pêcheuses et pêcheurs lorsqu’il opérait en Mauritanie en raison de ses pratiques de pêche destructrices et ravageuses, est tellement démesuré qu’il ne rentre même pas dans le port de Saint Malo. Il est donc question que sa marchandise soit déchargée aux Pays-Bas, actionnaire de la compagnie des pêches de Saint Malo, pour ensuite être importée et transportée jusqu’à l’usine en Bretagne.
Comment en est-on arrivé là ? Comment ce monstre d’acier, capable de capturer 400 000 kilos de merlan bleu par jour, avec une capacité de stockage de 7 millions de kilos de pâte de poisson peut-il avoir l’aval du gouvernement ?
En février, une mobilisation massive des pêcheurs, des associations, des syndicats, et des partis politiques de gauche avait permis d’obtenir l’engagement du secrétaire d’Etat à la mer de l’époque Hervé Berville, de renoncer à un transfert de quota permettant d’exploiter l’Annelies Ilena.
Le gouvernement Barnier a publié un décret le 6 novembre dans lequel 22 000 tonnes de quotas de merlan bleu ont disparu par rapport au mois de mars 2024, Fabrice Loher a confirmé qu’elles seraient attribuées à l’Annelies Ilena. Pire, à quelques jours du début de la campagne de pêche pour le merlan bleu, le ministre de la mer précise qu’il va, lui aussi, se prononcer « très prochainement » sur un nouvel échange.
Pour Claire Desmares, présidente du groupe Les écologistes de Bretagne :
Fabrice Loher doit renoncer à ces échanges de quotas avec la Pologne au profit d’un navire-usine aux impacts dévastateurs pour les milieux marins, et qui pêche en une journée ce que des pêcheurs artisans remontent en plusieurs années.