Au-delà de l’affichage, du coup de communication, il faut rappeler cette évidence : les débauchages individuels ne font pas des accords politiques. Sans discussion collective comment imaginer un contrat de mandature ? Et le préalable à une discussion, c’est du fond, des évolutions concrètes, un infléchissement de la politique qui marque matériellement un changement de majorité, et c’est précisément ce que le président de Région refuse. Loïg Chesnais Girard n’a jamais eu l’intention de rallier réellement les écologistes, sinon il se serait adressé à notre parti, plutôt que de tenter d’acheter à vil prix des ambitions individuelles.
L’accord était pourtant à portée de main, en 2021. Nous y étions, écologistes et régionalistes, favorables. Mais il était hors de question pour le président de Région de faire évoluer sa ligne, et de créer les conditions d’une alliance, comme l’a rappelé Claire Desmares dans son discours :
Vous avez choisi un accord d’affichage avec M.Cueff. Depuis, et il s’est passé 3 ans, nous cherchons ce qu’il est advenu des annonces faites lors de votre accord : toujours pas d’appel à initiatives, pas de plan Marshall des langues, pas de nouvel indicateur, pas de démocratie directe, pas de réserve foncière. Alors dites nous, avec deux élus de plus, qu’est-ce qui va changer ? Rien, puisqu’il s’agit d’une union cosmétique. C’est d’ailleurs ce que vous aviez annoncé quand les trois élu.es macronistes ont rejoint votre majorité en septembre dernier, que le cap fixé ne bougerait pas d’un centimètre.
Je vais vous avouer quelque chose : j’aimerais sincèrement pouvoir me présenter devant les bretonnes et les bretons qui nous ont élu en 2021, et expliquer combien votre ligne politique a évolué depuis. Marshall Rosenberg, chantre de la communication non violente disait : “dans la vie il faut choisir entre être heureux et avoir raison”. Personnellement j’aspire au bonheur.
Alors allez-y Monsieur le Président, faites-moi mentir. Bougez les lignes sur l’agriculture, la pêche, la mobilité, prenez les décisions dont notre Région a vraiment besoin.
Alors que depuis le début de ce mandat, la Bretagne a été confrontée comme jamais aux défis écologiques : méga feux, tempêtes d’une violence inouïe, échouages massifs d’algues vertes, et maintenant des inondations historiques, vous avez mille fois l’occasion de justifier une infléchissement de votre ligne.Je vous assure que nous reconnaîtrons avec joie que nous nous sommes trompés. Parce que ça voudrait dire, que la transition écologique de la région Bretagne pour laquelle on se lève tous les matins, nous élu.es et militant.es écologistes, est en train d’advenir.
Mais la vérité c’est que malgré toute la communication que vous déployez pour les rares politiques qui vont dans le bon sens, pour l’instant, le compte n’y est pas. A quoi bon augmenter les crédits de 500 000 euros pour la biodiversité, quand vous continuez de donner des millions pour l’agriculture intensive ? Le saupoudrage d’aides publiques, n’est pas en mesure de compenser le déversement de pesticides dans nos champs. Votre majorité, c’est le soutien aux jets privés de Bolloré et ses amis à Quimper, c’est le soutien à une deuxième ligne aérienne Brest Orly. C’est le financement des lobbys agricoles qui dénigrent les journalistes, ce sont les investissements dans les chalutiers au mépris du vivant. C’est aussi l’argent qui coule à flots pour irriguer les pseudos pôles de recherche de l’agro industrie, l’absence d’éco-conditionnalité, et le refus d’intégrer l’habitat léger et collectif dans la politique du logement soutenue par la région.
Mais il n’est jamais trop tard pour pivoter vraiment : prenez conscience des limites planétaires, réorientez vos politiques, et vous nous trouverez à vos côtés. Et de fait nous sommes déjà aux côtés d’Isabelle Pellerin pour la rénovation et l’accessibilité des lycées, aux côtés de Béatrice Macé pour soutenir le monde de la culture sous toutes ses formes, ou encore aux côtés de Michaël Quernez pour développer le train du quotidien pour les bretonnes et les bretons.
Contrairement à la petite musique de “l’opposition radicale et systématique” que vous aimez jouer à votre auditoire, nous savons aussi dire quand les choses vont dans le bon sens. Nous avons à cœur de contribuer, de proposer, de travailler là où on nous en laisse l’opportunité réelle. Nous attendons seulement que vous daigniez ouvrir la porte au changement nécessaire de paradigme pour une Bretagne plus écologique. Il ne reste que trois ans. Il n’y a plus de temps à perdre.